À la découverte de Burning Man

Pendant neuf jours, nous avons habité dans une ville située dans un désert du Nevada :

Black Rock City !

En août 2019, nous nous sommes envolés vers la Californie et avons roulé vers le Nevada pour prendre part au Burning Man !

La ville éphémère de Black Rock City se construit tous les ans, depuis 1990. Quatre-vingt mille Burners se retrouvent pendant une semaine dans cet environnement hostile, poussiéreux et chaud.

Mais en fait, c’est quoi le Burning Man ?

Ce n’est pas un festival, c’est une ville éphémère ! La durée « officielle » est d’une semaine mais il est possible d’arriver plus tôt et/ou de repartir plus tard. Les nombreuses personnes qui montent et démontent les camps et les œuvres font partie de ce groupe de Burners qui peuvent passer jusqu’à trois semaines sur le site.

L’espace de la ville est composé avec les différents camps et les espaces pour “vivre”, de la Playa et de la deep Playa. Tous les ans, le Man surplombe la Playa, un grand espace de création pour les artistes qui y exposent leurs œuvres. Le Man est le symbole de l’événement, à la fin de la semaine « officielle », le samedi soir, il s’embrase. Le Temple est lui aussi un élément important. Il s’agit d’un lieu de recueillement pour beaucoup de personnes, il y règne une ambiance particulière qui ne laisse pas indifférent. Des personnes viennent s’y marier, y déposer des objets ou des lettres pour commémorer des proches décédés. C’est un endroit de calme dans l’effervescence de la Playa où la vie ne s’arrête jamais.

Le Burning Man n’est pas qu’un endroit où les gens sont nus, où on écoute de l’electro en prenant de la drogue. C’est aussi cela, mais pas que. Tout ce que vous aimez faire ou que vous rêvez de faire, est possible à Burning Man. Si votre trip c’est d’être habillé en panda et de sauter à pieds joints en chantant du Annie Cordy pendant une heure, pourquoi pas ! Vous êtes libre de le faire et vous trouverez des gens pour le faire avec vous ! Pas de clichés, pas de préjugés, pas de regards moralisateurs. En gros, tant que l’on emmerde pas les autres, tout est possible.

Et c’est ça qui est magique à Burning Man. Les Burners s’acceptent tels qu’ils sont et acceptent les autres tels qu’ils sont. 80 000 personnes qui vivent ensemble et se respectent.

Les dix principes de Burning Man

Pour que cela fonctionne, il y a dix principes, qui sont l’essence même de Burning Man et qui sont instaurés depuis de nombreuses années. Ces principes les voici :

Inclusion

Tout le monde peut faire partie de Burning Man. Toute personne telle qu’elle soit est acceptée, avec ses forces et ses faiblesses, ses qualités et ses défauts.

Ne laisser aucune trace

Les Burners s’engagent à respecter l’environnement et à ne laisser aucune trace physique de leurs activités où que ce soit. Cela implique de nettoyer et de laisser les endroits aussi propres, voire plus propres que quand on est arrivé.

Pratique du don

Burning Man se base sur le don dans sa définition globale. Il ne prévoit pas un retour ou un échange, juste un cadeau que l’on a envie de faire à autrui, un simple geste du cœur, un geste gratuit. Cela peut être une photo que l’on a pris de la personne, quelque chose que l’on a fait soi-même avant de venir, quelque chose à manger ou à boire.

Décommercialisation

Afin de préserver cet esprit du don, à part l’argent que l’on dépense pour le ticket d’entrée et la participation au camp pour la nourriture et autres, l’argent ne circule pas à Burning Man. C’est le don qui prévaut ! De plus, les personnes cherchant à faire du commerce sur La Playa à coups de pub, de parrainages commerciaux ou de posts sponsorisés sur les réseaux sociaux est tout bonnement interdit.

Auto-suffisance

Les Burners, avec ou sans l’aide d’un camp, se doivent de venir en auto-suffisance à Black Rock City. Il n’y a pas de supermarchés sur place donc il faut tout emmener avec soi pour avoir de quoi manger et boire pendant une semaine.

Expression de soi

S’exprimer est encouragé, donner quelque chose de soi via l’art, la communication, le don, tant que cela respecte les autres Burners.

Effort communautaire

Burning Man apprécie la coopération et la collaboration créatives qui apportent de l’interaction entre Burners.

Responsabilité civique

Il n’y a pas d’interdit à Burning Man. Tout est permis, dans la limite bien évidemment du respect des autres. A chacun d’évaluer sa responsabilité et de prendre les décisions en conséquences. Par exemple, si tu tombes parce que tu as escaladé une œuvre d’art, c’est de ta responsabilité !

Participation

Tout le monde est invité à mettre la main à la patte pour aider les autres Burners à monter un camp, à transporter des charges, bref à construire Black Rock City, mais aussi en vivant l’expérience en participant à des ateliers, aux jeux. Rien n’est obligé, seulement encouragé.

Culture du moment présent

L’expérience immédiate est de mise ! On profite du moment présent . On parle avec les Burners, on interagit, là maintenant tout de suite pour cette expérience à fond.

« LEAVING NO TRACE »

Le principe de ne laisser aucune trace C’est sur, c’est utopiste. Rassembler 80 000 personnes au même endroit,sans laisser aucun déchet, aucune trace de notre passage, c’est difficile, voire impossible.

Mais l’envie y est et cette phrase est tellement martelée, qu’on limite les dégâts. Exemple, avec moins de gens qui viennent avec des paillettes, des plumes qui pourraient s’envoler. Bref, les Burners essaient d’être responsables. Il est encouragé de ramasser des déchets que l’on trouve par terre. Ce qui m’est fait penser que cette pratique ne devrait pas de se limiter que pendant le Burning Man !

D’ailleurs à la fin de la semaine, les organisateurs passent au peigne fin les camps afin de voir s’ils n’ont pas laissés de Moop et leur assignent des notes. De cette note dépendra l’an prochain l’emplacement du camp. Plus vous êtes un bon élève, mieux vous êtes placés dans la ville.

« Consent »

Ah le consentement. Il ne fait pas partie des 10 principes du Burning Man mais il est martelé de partout pendant la semaine. Et là aussi, c’est une valeur importante, qui manque dans nos sociétés. Que l’on aimerait voir au quotidien.

Chacun peut donc faire ce qu’il a envie mais il peut aussi s’habiller comme il le souhaite. J’entends par “s’habiller” le fait de se vêtir comme on veut, même de revêtir le costume d’Eve. Il y a beaucoup de gens qui se baladent, dansent, passent leur semaine nus. Ou bien habillé de strings, de soutiens-gorge, de lingerie, parfois hyper sexy. Et il n’est pas question de se prendre des remarques, des gestes déplacés, voire pire. D’ailleurs le consent rejoint l’inclusion. En quelques mots, tout le monde, foutu comme il est, maigre, gros, vieux, jeune, handicapé, déformé, bien foutu, a le droit de se balader comme il le souhaite, sans qu’on vienne l’emmerder, par des moqueries ou une main au cul.

Les Camps

Comme le clame le principe d’auto-suffisance, il est important de ramener de quoi (sur)vivre. Ou se rapprocher d’un camp qui peut s’en charger à votre place. Cela peut être pratique lorsque l’on est pas américain, que l’on vit pas à quelques centaines de kilomètres du site et qu’il est donc difficile de ramener une tente, de quoi cuisiner, des galons d’eau, etc… L’organisation officielle du Burning Man ne fournit que les toilettes chimiques. Mis à part du café et des glaçons, vendus au Center Camp (un endroit central où sont regroupés, la poste, les objets trouvés, les renseignements, les secours…).

Ensuite, vous pouvez laisser votre liasse de dollars dans votre tente, on ne parle plus argent. Car rien ne s’achète, rien ne se vend sur place. À Black Rock, on prône la culture du don et il est toujours possible de se rendre dans les nombreux camps pour manger et boire ! D’ailleurs, il faut penser à venir accompagné d’une tasse qui ne se fera pas prier pour être remplie de divers breuvages.

Les nombreux camps sont dispersés sur le site. Ils représentent donc les endroits où les Burners dorment et mangent. Mais aussi les endroits de vie ! Où les Burners vivent et organisent des activités en tous genres. Il y a des camps très spécifiques comme le fameux Midnight Poutine qui sert de la Poutine, le célèbre plat canadien tous les soirs à minuit. Il y a des camps où il est possible de faire de la poterie, du yoga, du SM, et de nombreuses autres activités et expériences.

Plongée dans l’antre du Thunderdome : où comment se faire dégommer à coup de batte de baseball en mousse !

Notre expérience au Burning Man

Maintenant que le principe, l’essence même de Burning Man a été décrit et de comment tout cela s’organise, voici les points et moments forts de notre semaine à Black Rock City !

Burning Man by Naked Heart

Nous avons été précieusement guidé par un ami qui faisait son quatrième Burning Man (encore merci Clément) vers Naked Heart. Un camp qui « invite les femmes à incarner pleinement leur moi féminin essentiel, et les hommes à honorer ce puissant féminin ». Au delà des rencontres, le camps nous a apporté très pragmatiquement, protection contre le soleil, eau, nourriture, douche. Un oasis au milieu du désert. Nous n’avons que très peu de photos du camp par respect de la nudité et des gens qui s’y trouvaient.

Notre tente, home sweet home

Notre sélection pour ce Burning Man 2019 ? Une bonne vieille tente Decathlon trekking 3 places. Et heureusement qu’on avait pris une tente 3 places… Car avec nos sacs à dos, les valises, les costumes, les chaussures, les duvets, il fallait s’organiser. Pour la prochaine fois, nous prendrons plus spacieux, large et surtout… haut de plafond ! Mais le choix d’une tente légère et compacte a penché face à la place dans nos valises.

« In Dust, we trust ! »

Une de nos phrases préférées pendant le Burning Man ! Dans ce désert sans dunes, il n’y a pas de sable mais de la poussière ! Et elle est partout ! Dans les cheveux, dans les yeux et dans la bouche parfois et en temps de tempête, dans les tentes, dans les moindres replis des fringues ! Il faudra d’ailleurs plusieurs lavages en machine pour s’en débarrasser après la semaine !

Le sol craquelé par le soleil se transforme rapidement en poussière qui s’infiltre de partout. Prenez 30 kilos de farine et videz-les dans votre cuisine (ou pas). Vous aurez une idée de ce que signifie vivre neuf jours dans la poussière. Bandanas et lunettes de ski indispensables, en particulier durant les tempête de sable.

La Golden Hour

Il faut se protéger du soleil qui tabasse pendant la journée, mais il faut le chercher du regard au début et en fin de chaque jour. Les levers et couchers du soleil sont juste magnifiques ! Ils sont magiques, un moment unique où parfois prendre des photos afin d’essayer de conserver ce moment précieux est juste une perte de temps. Il vaut mieux savourer chaque instant et écouter les hurlements de loups poussés par les Burners lors des couchers de soleil.

Nous avons eu la chance d’assister à un lever du soleil sur la Playa un matin où on s’est saqués de la tente à 5h du matin. On ne regrette pas l’effort tellement ce moment est inscrit dans nos mémoires.

En vrac

Un melting-pot de photos diverses et variées : des traces de pneus dans la poussière de la Playa, des toilettes décorées, les paysages du désert, La Playa la nuit, un enfant à Burning Man, des mots collés sur des panneaux…

Parce qu’on ne peut pas s’arrêter là avec le Burning Man !